Jean Lepage
Doctorat en études cinématographiques
Sa thèse porte sur l’œuvre du cinéaste québécois Bernard Émond. Le titre de sa thèse révèle en toute clarté ce qu’il entend y démontrer: « La part du scénariste Bernard Émond dans l’œuvre du cinéaste Bernard Émond ».
Vieux routier du cinéma, Jean commence par un stage au montage à l’ONF en 1962. Il a alors 15 ans. Il travaille avec Yves Leduc, qui achève le montage du film de Michel Brault et Pierre Perrault : Pour la suite du monde. Retour à l’ONF en 1965-1966 pour le film Le règne du jour; il est alors officiellement aide-monteur, ce qui lui permet de rester dans la salle de montage, le soir, après que Pierre et Yves s’en soient allés… Alors, Jean explorait le cinéma en tant que « langage »!
Il fouillait avidement dans les chutes et, sélectionnant des plans et des scènes qui lui « disaient » quelque chose, il en faisait des montages. Résultat : les dialogues les plus savoureux et farfelus [mais sensés] qui « auraient pu avoir eu lieu » entre Alexis, Marie, Léopold et Grand Louis. Pierre Perrault, qui s’inquiétait déjà du peu d’intérêt que cet assistant-monteur portait au « contenu documentaire » de son œuvre, se serait certainement scandalisé s’il avait su ce qu’il en faisait… (ce qui aurait bien fait rire Dziga Vertov).
Puis, ce fut l’industrie privée, à commencer par Onyx Films, où travaillaient les Gilles Carle, Jean-Claude Labrecque, Denis Héroux, Roger Cardinal, Claude Fournier, sous la gouverne de Guy Fournier. La suite est une carrière de monteur, scénariste, réalisateur (tous genres et toutes compagnies de production de l’époque confondus) au cours de laquelle il aura récolté plusieurs prix (Gémeaux, Adate, Film Festival of the Americas, Chicago Film Festival) et qui aura duré jusqu’en 1994. Jean nous fait l’aveu, sans réticence, que ce qui l’a toujours fasciné au cinéma, c’est surtout son aspect langagier. C’est pourquoi, à la fin de sa carrière, il commence dans l’enthousiasme des études universitaires en linguistique, histoire de savoir si ses « intuitions » langagières à propos du cinéma sont fondées.
Il est bachelier de l'UdeM en 1998, puis maître ès arts en linguistique en 1999. Il donne son premier cours de scénarisation en tant que chargé de cours en 2000; il enseigne à l’UdeM depuis ce temps et a été honoré d'un Prix d’excellence en enseignement de la FAS en 2014.
En 2013, convaincu d’être en mesure de faire reconnaître à une plus juste valeur l’écriture scénarique, il entame un doctorat portant sur l’œuvre du cinéaste québécois Bernard Émond. Le titre de sa thèse révèle en toute clarté ce qu’il entend y démontrer : La part du scénariste Bernard Émond dans l’œuvre du cinéaste Bernard Émond. Son objectif est de réduire à zéro le cliché, hélas encore répandu, voulant que « le scénario n’est qu’un tremplin pour le réalisateur ». Jean entend démontrer qu’il y a quelque chose de casse-gueule pour un réalisateur à utiliser le tremplin du scénariste sans s’assurer qu’il utilise AUSSI sa piscine et l’eau qu’il y a mise.